L’adolescent

L'adolescent

L’adolescence : un passage entre l’enfance et le monde de l’adulte

« Si tout se prépare dans l’enfance, tout se joue à l’adolescence »
Kesemberg.

La période de l’adolescence est une période particulièrement mouvementée, entre l’évolution psychique nécessaire pour sortir de l’enfance et les grandes transformations physiques vécues de manière plus ou moins facile. Nos « grands enfants » vivent cette étape avec beaucoup d’intensité… et donnent aussi du fil à retordre à leurs parents!
Une incompréhension, un éloignement peuvent alors s’installer entre les parents et l’adolescent, à tel point que bien souvent les parents se demandent qui, de leur ado ou d’eux-mêmes, a le plus besoin de soutien… A ce propos, nous répondons qu’il est possible, et même souhaitable, que les parents soient également épaulés. Ils ne sont d’ailleurs jamais exclus du suivi .

Les principaux motifs de consultation:

Comme nous l’expliquerons plus bas, une certaine forme de dépression à l’adolescence est normale. Toutefois des signes plus alarmants doivent faire systématiquement l’objet d’une prise en charge psychologique :

  • Comportement de retrait affectif et social
  • Tout comportement dit « inadapté » de l’adolescent incluant troubles alimentaires, prise de produits illicites, addictions
  • Tristesse marquée pouvant être accompagnée de pleurs
  • Divorce difficilement accepté par l’adolescent
  • Phobie et/ou échec scolaire
  • Violence/opposition
  • Conduite à risque

Les adolescents font rarement la démarche de consulter un psychologue. Le plus souvent ils y sont incités par leurs parents, un professeur ou le médecin traitant.
Toutefois, lorsque le contact est établi et la prise en charge amorcée, ils sont majoritairement très impliqués dans la poursuite des entretiens.

La thérapie avec l’adolescent offre un espace pour :

  • Déposer sa souffrance
  • Exprimer ses difficultés, ses peurs et sa colère afin d’éviter le passage à l’acte
  • Bénéficier d’une écoute bienveillante et dépourvue de jugement concernant ses doutes, son ambivalence et son mal être
  • Lui permettre de poser des questions intimes jugées « tabou » avec la certitude de trouver des réponses adaptées et claires
  • Comprendre les phénomènes psychosomatiques qu’il traverse et y mettre du sens

Avec l’adolescent il s’agit souvent d’un accompagnement de soutien, c’est-à-dire qui ne travaille pas sur la structure profonde de la personne mais plutôt sur le réel, le rationnel, la vie au quotidien.
En règle générale, la prise en charge se déroule sur quelques mois, à raison d’une séance hebdomadaire.

L’adolescence, c’est quoi, d’abord?

L’adolescence (du latin adolescere : ‘grandir’) est une phase du développement physique et mental qui survient généralement entre la puberté et l’âge adulte, et suit la phase de l’enfance. Cette définition simple recouvre en réalité une situation complexe parce qu’elle convoque à la fois les aspects psychologiques, physiologiques et socioculturels.

Cette tranche d’âge, qui s’étend de 12 à 17 ans, est souvent comparée à une « seconde naissance » tant elle offre une possibilité de croissance intense au niveau physique et surtout psychique. Il n’est d’ailleurs pas rare que les parents qualifient leur ado de ‘gros bébé », alors que ce dernier rejette ces marques d’infantilisation.

Cette phase charnière de la vie engage le jeune sujet à se tourner vers de nouveaux centres d’intérêts, vers de nouveaux objets d’amour, en quête de nouveaux modèles identificatoires. Ce cheminement n’est possible qu’à la condition d’être sous-tendu par un travail de séparation d’avec les parents. Cette évolution normale doit permettre au jeune sujet, à son terme, de s’inscrire de manière autonome pour s’épanouir dans une activité psychique et physique à son image, avec les outils qui lui auront permis de donner forme à sa vie d’adulte.

Néanmoins ce travail de séparation d’avec les parents est complexe, oscillant entre mouvement de colère, marques d’opposition, repli sur soi… le tout en étant vécu par l’adolescent avec un sentiment de culpabilité plus ou moins enfoui.

Sur le plan social, l’adolescent revendique plus d’autonomie, alors qu’il a besoin d’assistance morale et matérielle. Les interdits jusque-là acceptés ou peu remis en question deviennent des contraintes qu’il discute et contre lesquels il se rebelle.

C’est également à cette période que le narcissisme de adolescents est mis à rude épreuve : qui n’a pas en mémoire ce temps où l’image de soi est vivement sollicitée, où les préoccupations centrées sur son apparence mais aussi où les doutes et le malaise étaient à fleur de peau ? On parle alors d’ « inflation narcissique ». Mais attention, la dévalorisation n’est jamais loin derrière, d’où ces brusques fluctuations de l’humeur qui passent de l’exaltation à la morosité.

Les moments dépressifs induits par les transformations du sujet ne sont pas exclus. Ils sont accentués par les changements corporels qui bouleversent l’estime de soi.

La dépression chez l’adolescent est en réalité aussi normale que nécessaire (jusqu’à un certain degré) puisqu’elle s’organise précisément autour d’un sentiment de perte.

En effet, pour grandir, l’adolescent doit faire le deuil de certitudes sécurisantes et de croyances idéalisées. C’est aussi ce qui explique une fragilité particulière à cet âge de la vie. En général les attitudes agressives et la forme de rébellion que manifestent les adolescents sont le reflet d’une souffrance plus ou moins grande.

Néanmoins, la fameuse « crise d’adolescence » n’est pas une étape nécessairement bruyante et conflictuelle entre les parents et les enfants. Il arrive aussi que les jeunes intériorisent ces grands changements sans que jamais cette crise ne soit extériorisée.

Et du côté des parents?

Le rôle des parents est mis à rude épreuve durant toute cette période. Ils se sentent encore utiles, ils continuent de vivre des moments de vraie complicité et des instants de joie, mais ils se confrontent directement à ce besoin d’autonomie que manifeste parfois violemment leur enfant.

S’ils veulent agir du mieux possible, ils sont partagés entre un sentiment d’amour, de bienveillance et de fierté en voyant leur enfant devenir adulte, mais ils sont aussi dépassés voire excédés par leur façon d’être. La communication dans ces moments de « crises », au sens de rupture d’équilibre, peut être difficile et les incompréhensions source de violence plus ou moins marquée selon les individus et les circonstances.

Les parents subissent de plein fouet les conséquences du travail de séparation-individuation entrepris par leur enfant : celui-ci les juge et les critique parce qu’il cherche à se différencier d’eux. En retour, les parents doivent supporter ces attaques et en comprendre les paradoxes, aussi difficile que cela soit.

Sachez que rien n’est irréversible dans cette période où la vie bouillonne…
Le psychologue a pour mission de donner les moyens nécessaires aux parents et aux adolescents de tenir le cap durant ces périodes de gros temps.